Nouvelle alerte aux compléments alimentaires
> Société > Santé | Frédéric Mouchon | 29 mars 2019, 6h08 | MAJ : 29 mars 2019, 7h44 | 5
L’Anses s’inquiète des « effets indésirables » des compléments alimentaires (Photo d’illustration). LP/Olivier Arandel
Dans un avis que nous avons pu consulter, l’Agence de sécurité sanitaire déconseille à certaines catégories de population de consommer des compléments alimentaires censés contribuer au confort articulaire.
Les compléments alimentaires n’ont décidément pas bonne presse. Début mars, après avoir analysé des produits destinés à améliorer la performance de notre cerveau, le magazine 60 millions de consommateurs les jugeait « dans leur très grande majorité sans intérêt voire dangereux ». Un mois plus tôt, l’Académie nationale de pharmacie alertait sur les dangers de certains produits à base de plantes laxatives.
Et dans un avis rendu public ce vendredi matin, que nous avons pu consulter, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s’inquiète des « effets indésirables » liés à la consommation de compléments alimentaires destinés aux personnes qui souffrent d’arthrose légère, notamment du genou ou des hanches. Elle déconseille même à certains patients d’en utiliser.
« En France, de nombreux compléments alimentaires contenant de la glucosamine et/ou de la chondroïtine sulfate revendiquant de contribuer au confort articulaire sont disponibles sur le marché, souligne l’Anses. Mais des effets indésirables liés à la consommation de ces compléments nous ont été rapportés : troubles digestifs, douleurs abdominales, éruptions cutanées, démangeaisons, hépatites et purpuras (NDLR : lésions hémorragiques de la peau) ».
Responsable adjoint de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition, Aymeric Dopter précise que l’Anses a reçu 74 déclarations d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la prise de ces compléments alimentaires.
Certaines populations plus exposées aux risques d’effets secondaires
« Il s’agit essentiellement de seniors qui souffrent d’inconfort articulaire et sont parfois traités pour d’autres affections comme du diabète, de l’asthme ou des problèmes de coagulation » détaille l’expert de l’Anses. Après avoir expertisé ces cas, l’Anses en est arrivée à la conclusion que certaines populations sont plus exposées aux risques d’effets secondaires.
Elle en fait la liste : les personnes diabétiques ou pré-diabétiques, asthmatiques ou traitées par anti-vitamine K ; les personnes présentant une allergie alimentaire aux crustacés ou aux insectes (pour les compléments alimentaires à base de glucosamine) ; les personnes dont l’alimentation est contrôlée pour le sodium, le potassium ou le calcium car ces compléments peuvent en être une source importante et enfin les femmes enceintes ou allaitantes et les enfants.
« Nous recommandons que des mesures soient prises par les fabricants afin de mieux informer le consommateur sur les risques liés à la consommation de ces compléments alimentaires par ces populations spécifiques » ajoute Aymeric Dopter. D’autant que l’Agence sanitaire européenne n’a jamais pu établir une « relation de cause à effet entre la consommation » de ces produits (dont un million de boîtes sont vendues chaque année en France) et le « maintien d’une articulation normale ». Une manière de dire que ces compléments n’ont jamais apporté la preuve qu’ils étaient efficaces.